jeudi 3 avril 2008

De loin en loin...


Une forme bouge...

Je ne sais pas pourquoi, mon attention est aussitôt attirée par cette grande silhouette noire.

Ou plutôt si, je sais: d'habitude, à part Bébert et Gurvan, les deux sdf du coin, il n'y a jamais personne qui passe devant mes fenêtres...

Alors une femme... elle est grande, elle a l'air jeune mais elle a l'air un peu tassée, à l'image de ceux qui ont un poids trop lourd à porter.

Et elle marche à petits pas, le long de l'eau, l'air perdu dans ses pensées, à la fois loin et tout près de ses minuscules pas.

Elle arrive au muret qui longe le chemin et s'arrête un instant, non pas comme si elle se demandait quoi faire, mais plutôt comme... je sais que c'est bizarre, mais j'ai eu l'impression qu'elle demandait une autorisation au muret.

Et elle est montée dessus!

Il y a un large chemin qui longe l'eau, mais elle, elle monte sur le muret!

C'est vraiment une drôle d'impression, celle de voir une sorte d'héroïne romantique qui pourrait être jolie, mais qui semble avoir perdu sa beauté, quelque part en route, dans les méandres du chemin...

Elle marche très lentement mais d'un pas décidé à la fois, elle met un temps infini à parcourir ces quelques dizaines de mètres de mur, comme si elle piétinait consciencieusement quelque chose, comme un rite initiatique, un passage vers ailleurs...

Lorsqu'elle est revenue à son point de départ, elle stoppe à nouveau, plus longtemps.

Elle jette un regard comme éperdu et suppliant à l'eau et saute au bas du mur.

Trois corneilles s'envolent.

Je ne sais pas si elle est superstitieuse, mais ici, c'est un symbole de malheur.

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