mardi 28 octobre 2008

Comptine.


Un peu de poudre dans les yeux, l'irritait et la faisait pleurer.

Elle avait beau se débattre et se secouer, le nuage blanchâtre qui obscurcissait sa vue et son jugement ne faisait qu'augmenter de jour en jour, au point de l'empêcher de voir où elle allait.

Mais, frêle créature au caractère d'acier, elle continuait à avancer, d'abord parce qu'elle ne sait pas faire autrement et ensuite parce qu'elle était terrorisée à l'idée de s'arrêter sur le bord de la route.

Comme si sa vie allait être fauchée si elle se reposait un instant. Ou bien comme si elle allait se perdre encore plus, aveugle désormais, sans savoir dans quelle direction repartir.

Et puis un jour, alors que peu de lumière filtrait désormais jusqu'à son âme, une main a saisit la sienne, un corps s'est blotti contre le sien et a dévoré sa bouche et ses entrailles.

Et le voile est tombé. La lumière était aveuglante, presque étouffante mais tellement enivrante qu'elle s'est laissé emporter dans ce tourbillon de sensations nouvelles, tel un papillon prêt à se brûler les ailes.

Jusqu'à ce que cette main la lâche, en plein milieu de la rue, et qu'elle se fasse renverser, piétiner et humilier.

En perdant la vue, elle avait oublié à quel point le monde pouvait être cruel, et à quel point ne pas le voir pouvait être salvateur.

Elle s'est relevée fièrement mais un peu abîmée, a récupéré tous les bouts d'elle qui avaient été éparpillés sur la chaussée et a recommencé à marcher, refusant avec orgueil toutes les mains tendues, maintenant qu'elle pouvait les voir.

Et puis, un jour, par hasard, au détour d'un sentier un peu plus balisé que les autres, alors qu'elle allait de nouveau trébucher et qu'un voile par trop familier menaçait encore de s'abattre sur sa vue, un bras s'est glissé autour de sa taille et l'a soutenue, doucement et sans rien demander en retour. Il lui a sourit et a continué de marcher à ses côtés.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Elle en a de la chance!

Elle a dit…

Toi aussi tu trouves! :)

lolabebop a dit…

"Un bras s'est glissé autour de sa taille et l'a soutenue, doucement et sans rien demander en retour. Il lui a souri et a continué de marcher à ses côtés"

çà laisse rêveuse...:-)

palim a dit…

C'est joliment écrit, très joliment écrit. Plein de cette belle sensibilité qu'on devine chez vous, derrière chacune de vos phrases.