mercredi 21 octobre 2015

D'un passager...



Un beau jour, un passager est monté à bord.
Silencieusement, sans rien déranger d'abord, il s'est installé là, lové au creux de moi.

Sans rien voir, sans rien entendre, je l'ai su, et je l'ai accueilli comme je pouvais dans mon bateau encore bien cabossé.
C'est alors que les tempêtes ont commencé. Elles venaient de l'intérieur plus que de l'extérieur, me submergeant, m'envoûtant, m'empêchant souvent de comprendre ce qui se passait.

J'ai d'abord eu peur que le passager ne puisse pas rester, avant de découvrir que c'est lui qui provoquait tout ça.

Alors j'ai eu peur que le bateau ne soit pas assez solide.

J'ai tenu aussi longtemps que j'ai pu, mais mon ancre, ma barre, tout a lâché.

Et me voilà, seule en pleine mer, avec ce passager qui dessine les contours d'un avenir que je ne connais plus.

Si le bateau tient, c'est maintenant que mes plus grands défis commencent.

mardi 4 août 2015

Garder le cap.


Un an.

Ca m'a pris presque un an pour prendre, ou reprendre peut-être, la barre du bateau.
J'avais été négligente, et il était parti à la dérive, lentement mais sûrement.

Les rochers en avaient raclé la coque, la moisissure avait rongé le bois et peu à peu entamé sa solidité, de l'eau s'infiltrait et le naufrage menaçait.

J'étais comme un capitaine qui se serait endormi pendant plusieurs années, ne se réveillant que par intermittences pour donner un ordre rude, froid et inadapté à un vaisseau branlant.

Dans mes rêves fiévreux et maladifs, j'avais un jour entrevu la possibilité d'une île, d'un sol, d'une terre d'accueil et je me suis réveillée en sursaut. Les yeux grands ouverts dans la nuit, j'ai encore mis un peu de temps avant de me lever, et de donner l'ordre d'arrêter.

Il me fallait une carte, à tout prix.

Et me voilà, affairée et curieuse, repartie à la découverte du bateau délaissé.
Inventorier, engranger, retrouver, perdre, jeter, poncer, réparer, améliorer, échanger, réduire, optimiser, embaucher, débaucher aussi, comprendre, interroger, sentir, suivre, trouver... fébrilité de cette année qui en fut dix.

Dans ses yeux couleur de mer, j'ai retrouvé la silhouette de mon île, alors je l'ai suivi, sûre désormais que si la carte n'est qu'un rêve, la possibilité de cette terre, elle, nous permettra d'avancer.

Alors j'ai saisi la barre et depuis je ne la lâche plus.
Dans la tempête elle est restée dans ma main, dans le brouillard et le grand beau temps aussi, malgré les intempéries et les dangers, j'ai peur mais je tiens.

dimanche 17 mai 2015

Je pourrais vous parler...


Parfois, quand je sens mon coeur au bord de l'orage, je ressens le besoin de fixer.

De garder à moi un instant encore la beauté de ce qui nous appartient.

Comme un élair avant la pluie, qui illumine et flashe une photographie qui s'imprime dans ma mémoire et que j'ai envie de contempler, encore et encore.

Ta main sur ma joue.
La douceur de ta peau.
Tes yeux dans les miens.
Ton "Je t'ai trouvée".
Ton odeur quand tu m'aimes.
Les larmes dans nos yeux.
Tes "oui".
Nos envies qui grandissent.
...

Je pourrais vous parler de tant d'autres moments encore d'une liste qui n'a plus rien d'imaginaire.

Qui est si réelle même, que l'orage éclate dans ma tête.

Est-ce que c'est vraiment possible tout ça ?
Réellement ? Sincèrement ?

Que tout s'aligne comme ça ?
Que ces rêves que je m'étais habituée à détruire se construisent un à un sous mes yeux ?
Que ce que j'ai vécu jusqu'ici m'apparaisse comme une immense répétition pour en arriver là ?

Est-ce que c'est vraiment possible tout ça ?


I'm singing in the rain.

vendredi 10 avril 2015

Voraces.


Au milieu des fantômes qui réclament des miettes de mon attention en ce moment, sans heurts et presque avec le sourire, je flotte.

Lui n'avait rien d'un fantôme, il ressemblait bien plutôt à un fantasme.

Mon esprit est si loin en ce moment que quand il a levé les yeux sur moi dans ce bus bondé, j'ai souri.
Franchement, avec la gourmandise d'une femme qui croise un fantasme et l'enthousiasme que ma vie me donne en ce moment.

Et j'ai vu ses yeux changer.
J'ai entendu la surprise se muer en désir dans ses pupilles dilatées.
J'ai accompagné sa gêne quand nous nous sommes replongés dans nos lectures respectives, en réalisant que cet homme était bien réel, trop réel.

Mes yeux se sont attardés sur lui, et j'ai découvert la poussette à ses côtés.
Et quand il a cherché mon regard à nouveau, mes souvenirs sont revenus, et de nouveau, sans y réfléchir, je lui ai souri, du fond de mon désir.

J'ai toujours aimé les hommes mariés, et ils me l'ont bien rendu.
Mais ma préférence a longtemps été aux jeunes pères.
J'adorais leur enthousiasme, leur timidité, leur difficulté à être légers aussi, l'admiration que je lisais dans leurs yeux face à ma liberté... le fait qu'ils disparaissaient de ma vie, souvent sans donner de nouvelles, aussi.

Mais surtout, surtout, ce que j'ai aimé, c'est l'urgence qui les saisissait devant mon corps et mon désir.
Ils me prenaient alors... voraces.

mardi 7 avril 2015

Décompte.


Oh, que l'ironie est mordante !

Que mon esprit s'éveille, réveille mon corps et l'affronte, ça a déjà été suffisamment douloureux.
Que je cherche en moi la force de trouver les mots pour arrêter ce moment entre deux, en suspension, c'était déjà difficile.
Mais que l'argument que j'utilisais sans y croire se retourne contre moi, quelle ironie !

J'ai voulu, j'ai essayé.

J'ai tenté de reposer un pied au sol en pleine suspension.
Parce que dans le bien-être des sensations, l'alarme du danger a fini par éclater dans ma tête.

Et le sol s'est dérobé.

Comme mon corps me l'avait dit, mais mon esprit n'y avait pas cru.

Et voilà mon esprit coincé, paniqué, dans un corps ravi et qui jubile.

L'angoisse se fait plus présente, dérange la belle ordonnance rêveuse de mes sensations.
Je me tords dans tous les sens, me débats sous les coups, je finirais bien par m'épuiser.

Et le décompte avant le sol pourra commencer... ou pas.

lundi 6 avril 2015

Fantasy.


Je glisse.

Pas à pas, petit à petit, mon esprit sombre et mon corps prend le pouvoir. Toutes ces sentations nouvelles qui m'envahissent, c'est sublime, c'est tentant, c'est effrayant.

Je sens que je devrais arrêter, utiliser la magie des mots pour suspendre ce moment qui s'éternise.

Et je me tais.
Garder le silence pour que ce moment reste avec moi, ne me glisse pas entre les doigts, pour le savourer et m'en repaître, c'est trop rare.

Encore, juste encore un peu, me supplie mon corps.
Reste ici, reste avec nous, profite de ce moment, profite des rêves qui s'impriment en toi, profite de cette joie qui t'envahit.

Un coin de mon esprit me supplie de revenir, me dit que c'est dangereux, mais c'est trop tard, je suis partie trop loin.
Je sens qu'il me hurle que plus longtemps je resterai, plus le retour sera difficile.

Mais je reste encore un peu là, ne m'en voulez pas.

Ne me forcez pas à revenir, pas encore, je ne suis pas prête à retourner dans la réalité.

J'ai le corps qui rêve, et je ne veux pas le réveiller.

jeudi 2 avril 2015

Ah, si j'étais un homme...


Bonjour toi.
J'ai mis si longtemps à venir vers toi, j'ai tant redouté cette rencontre, que je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit si facile.
Enfin, facile...

Salut, toi.
Tu vois, je ne suis pas si impressionnant, en fait. Moi aussi je suis réservé, j'aime observer et écouter les gens avant d'entrer dans la danse.
Enfin, moi je souris moins que toi, c'est certain !
Ou juste du coin des lèvres, comme maintenant.

C'est probable. Mon sourire est ma marque de fabrique, mon charme de femme. Comment tu peux séduire, toi ? Je me demande... comment ça séduit, un homme ?
En même temps, ça explique bien que je ne sache pas voir quand on essaye de me séduire...

Les hommes, je ne sais pas.
Mais, moi, nous, tu le sais très bien. 
Tes yeux, nos yeux. Ca, ça ne change pas en fonction de ton genre.


Timide, mais séducteur ? Une petite barbe soignée, un trench, une assurance douce qui se place en fonction des autres et une préférence qui va à l'intelligence plutôt qu'à la culture ?
Un côté sensible et féminin, et surtout, une profonde bienveillance ?
Oui, décidément, on est pas si différents.
...
Tu sais, je crois même que j'aurais pu t'aimer, en fait.

Mais je suis toi, tu sais.
Aime-moi en toi.
Aime-toi.

mercredi 25 mars 2015

Juste quelques mots...


Je mentirais si je disais que je ne l'ai pas vu venir.

Enfin, c'est sans doute aussi que cette fois ça n'a pas été graduel, exponentiel comme la dernière fois. Cette fois, ça m'a sauté à la gorge sans prévenir, mes yeux plongés dans les tiens.

Alors j'ai étranglé mes mots en posant ta main sur mon cou comme pour t'implorer : fais-moi parler ou impose-moi le silence, mais décide pour moi, pour toi.

Depuis, j'oscille et j'hésite, à chaque fois que mes lèvres s'approchent de ton oreille... ai-je le droit de prononcer ces mots ?

Je me demande encore si tu le lit dans mes yeux, si tu l'as compris.
Et en même temps, la première fois, je crois que c'était déjà toi qui l'avait vu avant moi.

Même si cette fois, c'est pas vraiment comme avant, mais pas vraiment différent non plus.
Mais c'est là, et ça semble s'être installé.
Ca n'a plus rien de fragile ni d'oscillant, et c'est devenu une certitude.

Une certitude qui m'envahit quand tu n'es pas là, et que je rêve de toi dans les creux de mes pensées et dans les silences de mon corps.

Une certitude qui m'envahit bien plus encore quand mes yeux croisent les tiens, que ma main rencontre la tienne, que nos peaux et nos lèvres se trouvent...

Quand tu es là.

samedi 21 mars 2015

D'un miaulement.

"- Dis, à quoi tu penses ?
- Je me demandais s'il était possible de mettre une laisse à un chat sauvage."


Dans la tendresse des draps, j'ai le coeur qui se déchire et j'ai envie de miauler.
Miauler ce que je ne sais pas te dire, ce que je doute de pouvoir t'écrire, ce que j'ai peur de ne pouvoir construire tant notre équilibre reste incertain...

Cette envie-là, elle a commencé avec toi, et elle recommence avec toi.
J'ai beau y trouver toute la logique du monde aujourd'hui, l'envie, c'est toi qui l'a créée en moi, et personne d'autre n'a éveillé cette part de moi comme tu le fais.

Pourtant je n'ose pas, tu n'ose pas et nos corps et nos têtes envoient des messages sublimes et contradictoires.

Alors je pose ma peau sur la tienne, je profite de ta chaleur, de ton odeur et de tes mains, et j'étouffe ce miaulement qui ne franchira pas mes lèvres dans une onde de tendresse.

Parce qu'une seule certitude m'étreint ce soir : dans tes bras, je suis bien.

lundi 16 mars 2015

Divisée.


Approche-moi, pose tes mains sur moi, je t'en supplie.

Fuis-moi, pars loin et ne reviens pas, j'ai peur pour toi.

J'ai envie de tomber à genoux, de t'implorer, encore.
Continue, encore.

J'ai envie de te repousser pour te présever de moi, encore.
Arrête, encore.

Joue avec moi, fais de moi ce que tu veux.
Je te regarde savourer l'ascendant que tu prends sur moi.
Je vois ton désir dans tes yeux, je le sens dans tes mains, dans ton souffle.
Alors oui, tiens-moi, prends-moi, mon corps te réclame, encore.

...

J'ai senti ta peau, tes mains et tes dents sur ma peau.
Le diable et l'ange en moi ont cessé de débattre.
Je ne réponds plus de rien.

lundi 2 mars 2015

A coeur à corps perdus...



Mon corps attaché, mon coeur relié.

Nos souffles qui s'accordent et la musique commence, recommence encore une fois, presque.

Nous vibrons à l'unisson de ces cordes et tout redevient simple, une simplicité douce et claire comme je n'en avais pas connu depuis longtemps.

C'est d'autant plus facile que tout autour est compliqué.

Alors je me réfugie dans cette alcôve, dans ce temps suspendu avec toi, ce moment insespéré, entre deux monde, presque pas réel.

Je me recharge, me centre, me trouve, je suis à ma place ici entre tes mains.

J'ai une liaison, ou peut-être est-ce que c'est toi, mais le lien qui nous unit ne s'est jamais vraiment dénoué, malgré nos efforts conjugués.

Tes hésitations, mes spasmes, tes mains, mon souffle, jusqu'à nos visages qui se cherchent, et la danse des cordes nous cueille là.

J'ai voyagé plus loin avec toi dans ce moment qu'avec aucun de ceux qui m'ont entouré de leurs liens.

Et en même temps je n'ai jamais été aussi présente à toi, à nous.
Pas tant à ta voix, à tes mots ou même aux noeuds, mais à ce qui se passait entre nous, ce qui faisait vibrer nos corps et nos coeurs.

Sans doute que j'ai confiance, vraiment, en toi.

Sans doute aussi que c'est le seul lien que je peux avoir avec toi aujourd'hui.

Merci pour ces cordes à coeur à corps perdus.

vendredi 16 janvier 2015

D'un petit chat.

Elle, elle est merveilleuse.



J'ai souvent envie de te le dire, et je le pense encore plus souvent.

J'ose pas toujours c'est vrai, et pourtant j'ai tellement besoin que tu le saches.


Pas seulement parce que j'ai parfois l'impression que ce que t'ont dit tes amours précédents t'a plutôt fait penser le contraire.

Non, aussi parce que je pense que des gens comme toi il y en a peu, et qu'il faut en prendre soin.

De ces dernières semaines, j'ai appris à te découvrir. Tu es profondément gentille, optimiste, honnête et droite. Rien que ça c'est rare et c'est beau.

Tu sens les choses, tu désamorces tout et tu m'enchantes. Discuter de tout et de rien avec toi est toujours désarmant et infiniment apaisant. Jamais je ne me suis sentie jugée quand je sais que ça n'a pas toujours été facile pour toi.

Ta beauté, la douceur de ta peau et ta réactivité, je les garde pour moi comme de précieux trésors.

Ta libido et ton désir aussi, ils sont si beaux que j'en reste parfois sans voix. Et quand j'ai peur de ne pas être à la hauteur, je me laisse entraîner dans ton sillage...

Je ne sais pas ce que deviendra notre relation, parce que je ne sais que trop à quel point mes incertitudes peuvent m'envahir et faire que je ne sois plus fiable, mais je sais que la tendresse, l'affection et le respect que j'ai pour toi sont ancrés en moi.

Tu es merveilleuse, tu sais.

mercredi 7 janvier 2015

Pas d'passé, pas d'avenir...


J'ai ce refrain de Starmania dans la tête. Juste ces quelques mots, le reste je l'ai oublié.

Parce qu'il y a vraiment des jours où je me sens coincée dans un présent qui n'a pas de sens, sans passé, et sans avenir.

Parce que même si j'avance à grands pas en ce moment, tout change trop et est trop nouveau encore pour que je me sente ancrée, avec un passé solide et fondateur.

J'ai l'impression que ceux qui m'ont vu grandir, puis m'épanouir et changer se sont éloignés, ou que je les ai éloignés.
Certains me manquent, d'autres non.
Toi, tu me manques. Si tu savais le vide que tu as laissé malgré le mal que l'on s'est fait. Je pense à toi souvent et j'essaye de ne pas plonger dans tes bras quand je te croise.

Je me retrouve seule aussi.
Très entourée, mais seule.

Parce que j'ai beau vous aimer, fort, vous qui m'entourez, j'ai peur.

Je me barricade un peu, encore, je m'accroche à mes dernières défenses, et parfois je m'ouvre un peu pour vous laisser passer. Parfois vous vous engouffrez complètement, malgré moi, de force ou par la douceur, et c'est tellement bon que ça me donne des joies immenses.

Mais au fond, je crois que j'attends.

Oui, j'attends que vous vous lassiez de moi.

Et je m'inquiète au moindre signal.

Alors je dois lutter pour ne pas partir avant que ça arrive, pour profiter encore un peu du bonheur que vous m'apportez.

Et puis la peur revient, et je me dis que c'est pas raisonnable de vivre comme ça, de m'attacher autant, de vous aimer autant.

Alors j'attends, sans passé, sans avenir, comme coincée, suspendue.

Alors j'attends et j'ai peur.