mercredi 15 décembre 2010

D'un silence.


- "Celui que j'étais avec toi, celui que j'ai été à ton anniversaire, ce n'est pas un autre, c'est bien moi"

- "Alors je ne suis pas intéressée"

- ...

- ...

- "Je crois qu'il n'y a plus rien à dire".


Je ne connaissais pas la qualité de ce silence, celui de la rupture.

J'ai entendu ma colère et ses objections, je l'ai vu se débattre et tout cela m'était familier.

Mais entendre dans ce silence sa compréhension, l'inéluctabilité de cette fin, c'était très étrange.

Pendant ce temps-là, alors que tour à tout chacune de mes oreilles s'acharnaient à me faire souffrir, je sondais en moi l'évolution de mes sentiments.

Je cherchais la panique qui m'avait envahit, un mois plus tôt, en découvrant qu'il ne parvenait pas à saisir la perche que je lui tendais.

Et au fond de moi aussi, je n'ai trouvé que le silence.

- "Est-ce que l'on pourra se revoir?"

- "Je ne vois pas pourquoi".

Le silence a pris toute la place en moi.

C'est fini.

samedi 11 décembre 2010

Seize the day.


"Alors profitez, profitez de vos proches pendant qu'ils sont encore là"

C'est elle qui n'a pas encore pris la parole qui nous interpelle, la voix vibrante et pleine de larmes, alors qu'un cortège que seul le bruit des mouchoirs rythme se relaie pour poser quelques pétales de roses sur le cercueil de sa mère.

Elle s'est levée, mue comme par un besoin impérieux, et je serre un peu plus fort la main de ma mère qui se retourne et me regarde. Oui, belle enfant qui a grandi avec moi, je ferais tout pour suivre ton conseil, nous allons le suivre.


Pleurer en se demandant si on a le droit d'être triste. Après tout, moi je n'ai perdu ni ma mère ni ma meilleure amie.

Pleurer sur le regret que la chose qui revienne dans tous les textes ne soit pas la vie, le rire et l'incroyable charme de cette minuscule bonne femme qui vient de disparaître, mais juste la maladie des dernières années.

Pleurer pour ma mère, pleurer pour sa fille, mon amie, pleurer pour eux et découvrir que je pleure aussi pour moi.

Pleurer sur les souvenirs de nos enfances, sur ce temps où tout nous semble bonheur aujourd'hui.

Pleurer, pleurer sans réussir à s'arrêter, puis devoir se contenir.

Étouffer un sanglot lorsque spontanément il me prend dans ses bras, lui que j'avais connu bébé et qui est devenu un homme merveilleux.

Se laisser interpeller à redécouvrir son père qui ressemble tant au mien, avec un peu plus d'humour, peut-être.

Suivre le mouvement vers la maison des derniers mois, avoir envie de rester dans ses bras, tenter de faire en sorte qu'elle comprenne bien que je suis là, et bien là.

Et découvrir la vie dans cette femme qui irradie, malgré le fauteuil qui recèle désormais ses jambes.


Seize the day.