
Qui es-tu?
Tu es allongé sur ce banc, sur notre banc, et j'ai envie que tu sois lui, mais tu ne l'es pas, je le sais.
Et pourtant je l'espère, le cou tendu et anxieux, jusqu'au dernier moment, celui où mon chemin m'amène tout à côté de ce banc.
Assez près pour sentir que ce n'est pas la silhouette familière que j'attends.
Trop loin pour voir ton visage.
Tu sembles attendre quelque chose pourtant, comme moi. Tu regardes ton portable de temps en temps, tu sembles attendre un appel.
Je sais que si tu avais été lui, toi aussi tu aurais attendu. Tu te serais placé sur ce banc pour te rappeler des moments que nous avons partagé dessus, et tu aurais attendu.
Parce que tu aurais su qu'il n'en fallait pas plus pour que je pense à toi, et, qui sait, pas plus pour que je t'appelle ou même pas plus pour que je passe à côté de ce banc comme je suis en train de le faire.
Moi, à chaque fois que mes pas m'amènent près de ce banc parce qu'il est sur mon chemin, j'ai le coeur au bord des larmes à force de penser à lui.
Personne n'a jamais réussit à me faire oublier qui il est, ce qu'il est et l'amour qu'il y avait entre nous.
Le jour où quelqu'un y arrivera, je saurais que c'est le bon.
Peut-être même que c'était toi, posté là par un coup du destin, silhouette similaire et sauvage que je n'ai pas approché parce que je sais que j'aurais pleuré.
Parce qu'il est la seule de mes relations qui me laisse un goût d'inachevé, une envie de pleurer et un désir de me blottir contre lui en permanence.
C'est pour cela que lorsque tu as tourné ton visage vers moi, j'ai détourné les yeux, assez vite pour ne pas te découvrir, ne pas imprimer un autre visage que le sien sur mes souvenirs.
Tu ne le sais pas, mais tu as réveillé en moi un abîme, une plaie mal cicatrisée, moi qui habituellement cicatrise si vite à force de papillonner...
Pour l'instant, je suis forte et pleine encore de ce souvenir mais je sais qu'il me faudra le dépasser un jour pour pouvoir, enfin, retomber amoureuse...