
Il est des livres qu'il me faut lire.
Comme une urgence, ça me prend, me lance et me possède jusqu'à ce que je l'ai entre les mains.
Les lettres dansent devant mes yeux, je tourne les pages sans arriver à m'en détacher.
L'écriture est banale, assez lisse et sans rien d'extraordinaire, mais les sentiments, les évènements et les personnages font trop écho aux semaines écoulées pour ne pas me plonger entièrement dans cette histoire.
L'amour en double.Roman ou autobiographie, que m'importe?
Je sais que l'auteure a vécu les même dilemmes, les mêmes douleurs et les mêmes bonheurs intenses que j'ai rencontrés ces derniers jours.
Je le sais aux grands traits du récit, au cheminement parallèle au mien, mais je le sais surtout aux petits détails. Ce sont eux, qui, dans leur familiarité, me renvoient à ce que je vis.
Entre deux eaux, entre deux voyages, entre deux hommes, je suis consciente d'être écartelée, une fois encore.
J'ai Ingrid Bergman dans
Casablanca comme référence douloureuse, je pense à toutes ces héroïnes qui ont hésité et se sont pris au piège d'histoires en parallèle et me dit que je suis bien loin de Mademoiselle Liberté dont l'Horace désormais muet a enfin déserté l'esprit.
Un seul livre pour eux deux.
J'ai envie de le partager avec eux, de leur faire prendre conscience de ce que je vis, de poser ma tête sur leurs genoux en les regardant lire tout en contemplant leur visage, de lire sur eux cette histoire parallèle à la mienne, cet écho.
C'est comme un galet, un jalon, et ce livre, au-delà des mots, me devient un symbole.
Vais-je me résoudre à lire la fin avant d'avoir trouvé la mienne?
Vais-je me laisser influencer par sa décision à elle?
Tout ce que je sais, c'est que lorsque j'aurais accomplit mes deux voyages, l'objet-livre aura enfin trouvé sa place.