mardi 4 août 2015

Garder le cap.


Un an.

Ca m'a pris presque un an pour prendre, ou reprendre peut-être, la barre du bateau.
J'avais été négligente, et il était parti à la dérive, lentement mais sûrement.

Les rochers en avaient raclé la coque, la moisissure avait rongé le bois et peu à peu entamé sa solidité, de l'eau s'infiltrait et le naufrage menaçait.

J'étais comme un capitaine qui se serait endormi pendant plusieurs années, ne se réveillant que par intermittences pour donner un ordre rude, froid et inadapté à un vaisseau branlant.

Dans mes rêves fiévreux et maladifs, j'avais un jour entrevu la possibilité d'une île, d'un sol, d'une terre d'accueil et je me suis réveillée en sursaut. Les yeux grands ouverts dans la nuit, j'ai encore mis un peu de temps avant de me lever, et de donner l'ordre d'arrêter.

Il me fallait une carte, à tout prix.

Et me voilà, affairée et curieuse, repartie à la découverte du bateau délaissé.
Inventorier, engranger, retrouver, perdre, jeter, poncer, réparer, améliorer, échanger, réduire, optimiser, embaucher, débaucher aussi, comprendre, interroger, sentir, suivre, trouver... fébrilité de cette année qui en fut dix.

Dans ses yeux couleur de mer, j'ai retrouvé la silhouette de mon île, alors je l'ai suivi, sûre désormais que si la carte n'est qu'un rêve, la possibilité de cette terre, elle, nous permettra d'avancer.

Alors j'ai saisi la barre et depuis je ne la lâche plus.
Dans la tempête elle est restée dans ma main, dans le brouillard et le grand beau temps aussi, malgré les intempéries et les dangers, j'ai peur mais je tiens.

1 commentaire:

Plume a dit…

Je me retrouve toujours autant dans ce que tu écris. xxx