mardi 1 juin 2010

Lettres.




J'aime les relations épistolaires.

Les lettres que l'on prend plaisir à écrire et à recevoir, les mots qui prennent forme et deviennent beaux d'avoir l'impression de connaître le destinataire comme l'on se connaît soi.

C'est souvent même d'autant plus vrai que l'on ne connaît pas la personne, que l'on peut projeter sur elle tout ce qu'on veut et qui nous ressemble.

J'aime lorsque l'on se confie avec douceur et emportement en même temps, comme on aurait pu le faire au fond d'un canapé moelleux vers la fin d'une soirée un peu arrosée, dans une pénombre à peine éclaircie par une bougie. Vous savez, quand les visages ne laissent deviner que quelques expressions, que la peau prend une couleur dorée qui rassure, que l'alcool délie les langues et les cœurs...

Se livrer mieux parce que l'on peut se cacher un peu aussi derrière ces écrans, occulter certaines parties pour mieux en révéler d'autres, se sentir exister et pousser des ailes à des bouts de soi que l'on ne se soupçonnait pas.

Pour moi, les lettres échangées ont cette intensité comme adoucie par la distance et l'inconnu, mais exaspérée par cette même méconnaissance.

Au fil de mes multiples identités épistolaires, j'ai aussi aimé faire quelques rencontres, passer du virtuel au réel. Découvrir un visage et retrouver - ou non - sur les sillons que le temps et les sentiments y ont tracé les traits que j'y avais gravé. Entendre plutôt que lire, toucher plutôt qu'écrire...

Certaines de ces rencontres sont restées magiques avec la disparition des mots, l'une d'elle m'a même hanté longtemps, et puis d'autres ont tari nos mots avec la découverte du réel.

Mais, par-dessus tout, ce sont les instants qui ont précédé que j'ai souvent préféré.

Comment la dépendance aux mots de l'autre peut s'installer petit à petit.

Comment, sur un malentendu ou un baiser, les mots s'enflamment parfois, jusqu'à devenir des mots d'amour, des mots de tendresse, des mots de passion...

Comment un geste fou peut devenir attendrissant, enthousiasmant, et même désarmant.

Et surtout, surtout, comment révéler son vrai prénom devient un moment magique entre tous, un tombé de rideau en soi, une redécouverte de sa propre pudeur ou impudeur.

4 commentaires:

gilda a dit…

Je suis en ce moment beaucoup à la recherche de comprendre ce qui fait qu'une relation (un peu trop) (purement) épistolaire peut être d'une grande importance.

Ça tombe que j'ai toujours beaucoup écrit de lettres puis de messages, famille et donc cousin(e)s bien-aimés lointains oblige et donc je comprends le charme et le bon de ce mode d'être ensemble mais loin.

Cependant il m'était ancré comme une évidence que c'était toujours à défaut d'en vrai et de présence physique possible. Toujours en quelque sorte "en attendant de se revoir".

Ton billet m'éclaire un peu.
Alors merci.

Plume a dit…

:) ...

Mallipoo a dit…

coïncidence... ça faisait tellement longtemps que je n'étais pas passée par ici. je suis émue par ton texte... en souvenir d'une lointaine "relation épistolaire".

The Celinette a dit…

Clap ! Clap ! Clap !
J'aime :)