mercredi 24 février 2010

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"Mais l'ivresse céda bientôt la place à l'angoisse : il fallait arriver un jour au bout de cette route! il fallait en finir un jour avec les trahisons! il fallait s'arrêter une fois pour toutes!

C'était le soir et elle marchait d'un pas pressé sur le quai de la gare. Le train d'Amsterdam était déjà formé. Elle cherchait son wagon. Elle ouvrit la porte du compartiment où l'avait conduite un contrôleur affable et vit Franz assis sur un lit à la couverture rabattue. Il se leva pour l'accueillir, elle le prit dans ses bras et le couvrit de baisers.

Elle avait une terrible envie de lui dire comme la plus banale des femmes : ne me lâche pas, garde-moi auprès de toi, asservis-moi, sois fort! Mais c'étaient des mots qu'elle ne pouvait et ne savait prononcer.

Quand il desserra son étreinte, elle dit seulement : "Qu'est-ce que je suis contente d'être avec toi!".

Avec sa discrétion naturelle, elle ne pouvait en dire davantage."

vendredi 19 février 2010

Bric-à-brac.



Moi j'ai été élevée de guingois.

Dans une maison, deux, trois, et d'autres encore.

Y'avait des œuvres d'art un peu partout, de gens connus et inconnus, les miennes aussi un peu en vrac, et puis de grands tapis, de vieux meubles en bois qui sentaient fort quand on les ouvraient, des murs pas toujours terminés...

Et moi, dans tout ce bric-à-brac, j'avais du mal à trouver ma place, comme un objet précieux mais un peu trop encombrant.

Alors, depuis, je m'attache à recréer ce désordre en espérant y prendre une part, si petite soit-elle. Je cherche encore et toujours une place, ma place au creux de leurs bras et des tiens, au milieu des embûches semées sur mon chemin.

Comme dans une maison trop grande et déjà un peu trop pleine, je garde tout et cache parfois. Je prends, encore, aime, souvent, et laisse de côté parfois avec regret.
Et chaque rencontre, professionnelle et personnelle, s'ajoute, prend sa place, une place qui change au fil du temps et de mes émotions et définit un peu mieux les contours de la mienne.

Je suis une grande amoureuse, et aujourd'hui je suis au régime. :)

lundi 8 février 2010

D'un chemin...


Il y a des jours comme ça, où en suivant le chemin que l'on croit être le bon, on le trouve jonché d'une telle multitude d'émotions qu'on se retrouve immobile.

Derrière une fenêtre de ce lieu qui m'est si familier que je l'appelle chez moi, mes yeux équarquillés contemplent la beauté et les larmes coulent sur mes joues.

Je n'arrive plus à endiguer le flot, et je ne sais même plus bien pourquoi je pleure.

Je suis soulagée, effrayée, ravigorée, assommée, enthousiaste, emportée, dépassée, apaisée...

Comme souvent, tout se mélange pour mieux se mettre en place après.

Je suis de retour chez moi, dans cette maison que j'aime, chargée de beautés et de ma vie, et j'ai l'impression d'y être en sécurité, de vouloir y passer ma vie.

Je viens de croiser le fantôme de cette vie passée, presqu'insouciante. Un fantôme abîmé et méconnaissable, qui me laisse effrayée devant les atrocités que la vie réserve à certains. Mais c'est une battante, elle s'en sors toujours.

Je dois faire une premier choix ici parmi les trésors qui hantent mes nuits et mes jours depuis des années. Des trésors que je chéris, que je veux partager. L'un d'eux sera décisif aujourd'hui pour moi.

J'ai le choix de prendre ma vie en main, et tout se met en place petit à petit, à la seule force de mes fragiles poignets. Mais j'y arriverai, parce qu'après tout, moi aussi je suis une battante.