jeudi 26 novembre 2009

Les anciens.


On prend les mêmes et on recommence.

On a presque un côté vétérans, comme ça.

On a tous fait la même école, écouté les mêmes discours, ingurgité et appris les mêmes sommes de connaissances abyssales.

Et puis on est (presque) tous revenus, on sait pas trop bien pourquoi.

- Tiens, salut, comment ça va, qu'est-ce que tu deviens?

Les réponses sont diverses, l'ambiance étrange, un air de déjà vu avec quelques rides en plus.

J'ai pris deux ans dans la gueule et pourtant ici rien n'a changé.

jeudi 5 novembre 2009

Mon Montmartre à moi.



Et je me suis laissée surprendre, comme une idiote, encore.

J'étais venue avec un tas de préjugés bien ficelés, un dédain souverain et une mauvaise humeur de fer.

Et j'ai presque rit de ma situation. Présenter « ça ». Je jouais de malchance, je n'allais pas pouvoir intéresser un public à ce qui me laissait de marbre.


De découragement, j'ai lâché mon plan, et toutes les indications de visites qui allaient avec.

La pluie s'y est mise, et je me suis réfugiée sous le porche d'une église de brique rouge sans charme.

Puis c'est l'accueil gris et morne de ces enclos à religion, les fidèles ternes et silencieux qui me regardent comme une touriste égarée. Mais c'est aussi la quiétude ombrageuse et écrasante qui me rappelle à quel point je suis petite, qui me pousse à découvrir de la beauté dans les anges qui peuplent ce lieu si peu engageant...


Et puis j'ai sorti mon parapluie rouge. Là, j'aurais dû deviner que j'étais foutue.

Le regard des hommes attablés à la terrasse des cafés traditionnels s'attarde sur moi, d'autres s'écartent pour me laisser passer en esquissant un pas de danse, et la vie ressemble soudain à une comédie musicale.

Je suis une Demoiselle de Rochefort, une Star de Gene Kelly lorsqu'il chantait sous la pluie, mais par dessus tout je veux être un peu de celle qui hante ce lieu et l'a transformé à jamais...


Je suis Amélie Poulain.

Une petite écervelée au charme de légende, une femme-enfant émerveillée par la vie et qui se mêle de tout, je veux lui prendre un bout de son monde enchanté et je parcours les rues de son Montmartre, protégée de la pluie par mon seul parapluie rouge.

Ce sont les bottes des vitrines vintage, les étals des épiciers qui regorgent de denrées diverses et colorées, les néons des enseignes qui clignotent, semblant ainsi envoyer un message aux inconnus qui passent...

C'est aussi cette dame vêtue d'un manteau de fausse fourrure et trop maquillée, qui fume clope sur clope depuis des années en attendant le client, les alcooliques qui se disputent sur un banc et prétendent ne raconter que la vérité, les odeurs de poulet frit, de crêpes, de café et de bitume mouillé qui se mélangent et assaillent les passants...

Et j'ai les mots qui montent dans mes larmes au rythme de mes pas, le sourire qui se reflète dans les vitrines quand je prend des reflets à la vigne vierge de la place des Abbesses...

Comme c'est aussi l'afflux de tous ces gens dans les cafés, l'obligation de partager une table avec d'autres, quelques sourires timides, les yeux indiscrets qui se baladent sur les livres des voisins, un marque-page bardé de mots doux adressé à un certain Florent...


Alors j'écris, accoudée moi aussi au bar d'un café, sur un air de jazz pénétrant qui m'enveloppe de son infinie douceur et m'offre un peu de la magie que je n'aurais jamais cru sentir ici.


J'espère me laisser surprendre encore souvent...